Indignez-vous !
Quel genre de société habitons-nous si nous n’accordons plus la confiance aux paysans, de la terre comme de la mer, qui la nourrissent ?
Croyez-vous vraiment que la priorité dans l’aménagement du territoire est donnée aux activités primaires ? Le constat est évidemment non.
C’est pourtant une belle idée régalienne qui figure dans notre Constitution, qui voudrait donner la première place à ceux qui travaillent au plus près, avec et pour notre terroir.
Partout des projets, en inadéquation avec la réalité du monde rural et de son maintien, font reculer les activités primaires sans autre objectif que la course à la croissance.
Notre président a reculé sur le projet de parc de la consommation « EuropaCity » qui bitumait la région à 150km à la ronde; mais partout et surtout sur le littoral, les grandes utopies affluent, absorbant au passage les dotations que l’on fait croire attribuées au monde rural et de la mer. L’état français et ses instances territoriales n’écoutent plus ses paysans ou ses ostréiculteurs, mais les lobbies qui veulent puiser dans la manne…
Nous sommes les derniers petits exploitants d’un système qui se veut global, sans tenir compte des hommes, du milieu, des particularismes. Avant d’être dans des musées ou exploitée comme intérêt culturel, touristique, l’ostréiculture française, ce sont avant tout des hommes, des entreprises, un savoir-faire, une technique de travail…
En rien, les politiques d’aujourd’hui ne veulent comprendre ou entendre ce savoir-faire, ils ne regardent que le symbole, les images qui peuvent rassembler leurs électeurs et les émouvoir.
Tous les ostréiculteurs ont des photos de station de relevage qui débordent au-dessus de leurs cabanes, tous.
Depuis vingt ans, nous expliquons que leur urbanisation galopante ne suit pas les aménagements d’écoulement des eaux usées, que des réseaux entiers montrent des signes de faiblesses, que la mer, la pluie, les nappes se mélangent à nos excréments…
Bref, rien n’a bougé, mais nos politiques locaux nous pondent un musée des produits de la mer, le mégacomplexe de la mer, au Tour-du-Parc… 3,8 millions d’euros, puisant dans les aides dont les activités primaires ont cruellement besoin… En plein marais, au milieu de l’un des derniers villages ostréicoles, qui livre son dernier combat contre l’urbanisation tant souhaitée et dit-on irrémédiable, par les élus.
À qui profite le crime ? À vous de méditer…
En ce début d’année, où la filière se réveille d’un cauchemar qui laissera des séquelles à notre corporation, je rends hommage à son président, régional et national, Philippe Le Gall, qui je le sais et l’affirme, a toute l’ostréiculture française derrière lui.
Recevez mes vœux pleins d’espoirs pour 2020, en me rappelant à Stéphane Hessel, « créer c’est résister, résister c’est créer », Indignez-vous (2010), et je souhaite à tous les ostréiculteurs de traverser cette épreuve renforcés.
Malo